Homélie
Comme tout président nouvellement élu prononce son discours d’investiture dans lequel il présente son programme, un peu de la même façon nous venons d’entendre ici la fin du 1er discours de Jésus, discours probablement aussi très attendu, un discours programme par lequel il présente tout ce que sera sa vie.
En effet, à travers ce discours, St. Luc retrace en raccourci ou anticipe toute la vie de Jésus et particulièrement, comme nous allons le voir, le ‘pourquoi’ de sa mort.
Luc montre tout d’abord que Jésus a voulu s’inscrire dans la lignée des prophètes, dans la continuité aux Ecritures. Dimanche dernier nous avons entendu Jésus lire dans la synagogue un passage du prophète Isaïe qui annonce la venue du Messie et sa Bonne Nouvelle.
Dans un 1er temps Jésus est bien accueilli, la foule est dans l’attente et dans l’admiration. Mais bien vite vient l’étonnement et un brusque retournement de la situation : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Jésus, entendant leur remarque, répond aussitôt : « Vous allez me citer le dicton : médecin sauve-toi toi-même ! » A ce dicton font écho trois autres insultes semblables qui seront adressées à Jésus lors de son agonie sur la croix :
D’abord par les chefs : « Qu’il se sauve lui-même s’il est le Messie ! »
Puis par les soldats : « Si tu es le roi des juifs sauve toi-même » ;
Et enfin par le larron : « N’es-tu pas le Messie, sauve-toi toi-même et nous avec ».
De suite Jésus enchaîne en reprenant 2 anecdotes de la vie des prophètes Elie et Elisée, deux grandes figures de l’Ancien Testament qui ne se sont pas laissées enfermer dans des frontières qu’elles soient territoriales ou religieuses.
Par ces deux exemples, Jésus montre sa volonté d’ouverture au monde païen et l’universalité du salut qu’il apporte aujourd’hui.
Mais cette ouverture déclenche la révolte des bien-pensants.
L’enthousiasme du début qui faisait penser à l’entrée triomphale à Jérusalem, se transforme en fureur : « Aussitôt tous dans la synagogue devinrent furieux et poussèrent Jésus hors de la ville pour le tuer », comme plus tard les accusateurs l’entraîneront hors de la ville, vers le calvaire, pour le mettre à mort.
Mais « Jésus passant au milieu d’eux allait son chemin ». Allusion discrète à la résurrection.
Mes chers amis, le début de l’Evangile de Luc dévoile donc par anticipation, il annonce en abrégé que la vie de Jésus, dont on va lire le récit dans cet Evangile, va dans le sens des Ecritures et des prophètes, càd l’ouverture à tous les humains sans exception, mais que cela le conduira à la mort.
Le refus d’ouverture conduit inexorablement au meurtre, à la mort. Un comportement qui malheureusement a traversé l’histoire et que nous ne cessons de répéter.
Heureux sommes-nous si nous aussi, à la suite de Jésus et des prophètes, nous savons ouvrir nos cœurs, nos portes et notre Eglise.
Jacques Noirot, SMA