Homélie
La première lecture nous raconte comment Isaïe a été envoyé en mission par le
biais d’une vision grandiose où la grandeur et la sainteté de Dieu lui étaient
révélées. Il fait partie des exceptions car dans la mentalité de l’époque, on
ne pouvait s’approcher de Dieu sans risque. Ceci vient enseigner que ce Dieu si
majestueux veut communiquer avec les hommes. Quelle belle et agréable surprise
! Ce Dieu Transcendent désire être proche et se faire connaître de l’humanité.
En fait sinon mieux, Il compte sur nous pour partager sa vie et nous envoie
pour être ses messagers malgré nos faiblesses, nos péchés et nos limites. C’est
par nous qu’il va se faire connaître et communiquer au monde ses secrets de
bonheur.
Saint Paul à travers la deuxième lecture nous révèle que ce qui a fait de lui un apôtre du Christ n’est pas d’abord ses qualités d’orateur ni ses voyages missionnaires et encore moins son souci des pauvres et des opprimés mais plutôt sa rencontre avec le ressuscité sur le chemin de Damas. C’est là que le Christ l’a appelé à le suivre ; lui-même nous dit : “c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis”. Cette même grâce se veut active en nous aussi par nos qualités humaines et par la foi que nous avons reçue. C’est vrai que de nous-même nous ne pouvons rien mais l’assurance est que le Christ est toujours avec nous et nous invite comme Paul et bien d’autres à transmettre ce que nous avons reçu, à partager l’expérience que nous faisons de sa présence et de la communion avec lui.
Puis, le récit de la pêche miraculeuse que nous venons d’entendre dans l’évangile, nous rappelle qu’aujourd’hui comme autrefois, le Christ nous invite à avancer au large. C’est vrai que comme Pierre, nous n’avons peut-être pas envie de quitter nos habitudes, nos certitudes, nos sécurités malgré les peines que nous éprouvons à avancer et à obtenir des résultats escomptés. Nous avons peur du changement, de l’inconnu et de la nouveauté. De toutes nos forces peut être nous nous sommes engagés dans nos paroisses, nos quartiers, nos lieux de travail et de loisirs mais nous constatons que nos églises se vident ; la plupart des jeunes n’y mettent plus les pieds et les sacrements peu pratiqués. Alors, on se demande comment s’organiser pour sauver ce qui peut l’être et se protéger d’un monde qui nous ignore, nous ridiculise ou nous persécute.
Que de belles et judicieuses interrogations ! Mais tout ce que le Christ ressuscité nous demande, c’est d’avancer au large. Simon refait exactement ce qu’il a fait toute la nuit sans rien prendre. Mais cette fois, tout a changé car le Christ est à bord. En effet la pêche miraculeuse, le succès tant espéré dans nos entreprises matérielles ou spirituelles ne s’obtient pas de nos seuls efforts et compétences ou tout seul : c’est la mission de toute l’Église dont la tête est le Ressuscité. Le Christ doit être là comme Seigneur et non simplement comme sauveur. Il doit être là pour commander la manœuvre, donner des ordres et se faire obéir. Il ne suffit pas d’avoir des plans bien élaborés ni d’utiliser les techniques les plus modernes. Le plus important c’est de jeter les filets et de la faire avec foi “sur sa parole”, en communion avec lui.
Comme Isaïe et les apôtres Pierre et Paul, nous sommes tous appelés par le Seigneur. Il compte sur nous pour une mission bien précise. Il ne s’adresse pas nécessairement aux meilleurs ni aux plus saints. Il n’appelle pas que les enfants sages. Il peut venir nous chercher très loin et très bas. Les grands témoins de la foi sont le plus souvent des pécheurs pardonnés comme saints Pierre, Paul, Augustin. Son appel est toujours le même : “Avancez au large et jetez vos filets.” L’important c’est d’être AVEC le Seigneur.
Daigne sa grâce accompagner toujours nos missions comme au jour des prophètes et des apôtres.
Patrice DOSSOUMOU, SMA