HOMELIE DU SEPTIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux »
Mahatma Gandhi avait laissé à l’humanité ces mots : « Ma religion est basée sur la vérité et la non-violence. La vérité est mon Dieu. La non-violence est le moyen de Le réaliser ». Le message que nous venons d’entendre dans les lectures de ce jour pouvait être résumé dans ces mots de cet apôtre de la non-violence. Ils correspondent à : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient ». Vaste programme ! Plus de deux mille ans après cet enseignement, nous ne sommes pas arrivés à l’intégrer dans nos vies. La tension actuelle en Europe avec la montée de la violence autour de l’Ukraine nous montre encore le type d’élèves de l’Évangile que nous pouvons être. Mais rappelons-nous que la leçon biblique de la non-violence n’a pas commencé avec l’enseignement de Jésus. Toute l’histoire biblique semble être l’éducation de l’homme, une invitation à se déposséder de son instinct de vengeance et de violence.
Le texte de la première lecture de ce jour nous rappelle l’histoire de David et de Saül. Saül était le premier roi d’Israël aux environs de 1030 avant Jésus Christ. Son attitude ayant emmené Dieu à le rejeter, le prophète Samuel donna l’onction à David qui allait le remplacer. La jalousie de Saül s’enflamma contre David et il cherchait à l’éliminer. Malheureusement pour lui, dans sa poursuite de David, il tomba dans les mains de ce dernier. David cependant avait refusé de tuer Saül et voilà la raison qu’il nous donne : « Qui pourrait demeurer impuni après avoir porté la main sur celui qui a reçu l’onction du Seigneur ? ». Il avait raison, car pour arriver à être miséricordieux envers tous les hommes, il faut d’abord trouver une bonne raison pour être miséricordieux envers quelques-uns. Voilà une étape dans la pédagogie divine sur la non-violence.
Nous pouvons trouver quatre étape pour cette éducation à la non-violence. La première se trouve dans le livre de la Genèse 4, 23-24 où Lamek disait à ces femmes : « Ada et Çilla entendez ma voix, femme de Lamek, écoutez ma parole. J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. C’est que Caïn est vengé sept fois, mais Lamek Soixante-dix-sept fois. » C’est un appel à la vengeance. Il revendique, pour une offense faite, une vengeance sans limite. À cette époque, on pouvait exercer une vengeance largement supérieure à l’offense. La seconde étape est celle de la loi du Talion, provenant du Code de Hammourabi, elle « limitera cette vengeance en demandant de ne pas exercer une sanction qui la dépasse. C’est ce que nous avons dans le fameux dicton : « Œil pour œil, dent pour dent. » (Ex 21,24). La troisième étape est celle que nous pouvons tirer de la première lecture : Comme David, trouver une bonne raison pour ne pas se venger : « Je ne porterai pas la main sur celui qui a reçu l’onction du Seigneur ». L’ultime étape de cette éducation, c’est quand nous arriverons à comprendre que chaque personne humaine a reçu l’onction de Dieu en étant son image et sa ressemblance.
Chacun de nous, dans nos relations avec les autres peut bien se trouver une raison pour se venger. Parfois nous disons : « c’est mon honneur qui est en jeu. Il faut que je lui rende la pareille ». Chers amis, notre vrai honneur, c’est d’être du ciel comme le Christ et d’être miséricordieux comme notre Père. Chaque fois que nous nous engageons à la violence, nous perdons notre humanité, notre privilège d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui est « tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour, n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses ».
Jacob SENOU, SMA