HOMELIE DU PREMIER DIMANCHE DE CARÊME C
« Rompre avec la toute-puissance »
Chers amis dans le Christ, avec le CCFD-Terre Solidaire, nous entrons en carême avec notre thème de ce premier Dimanche : Rompre avec la toute-puissance pour plus de liberté et de dignité. La tentation de la toute-puissance est une belle synthèse des trois tentations de Jésus dans le désert. Dans la première et la troisième, le diable c’est-à-dire le diviseur lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu », prouve-le en faisant ceci ou cela. Dans la seconde, il lui fait la promesse du pouvoir et de la gloire pour acheter son obédience. Peut-être si c’était de nos jours, il lui aurait dit : « Si tu veux être le plus puissant, lance en premier ta bombe atomique et les autres te craindront ». La tentation de la toute-puissance n’a ni d’époque, ni de genre, ni d’âge. Elle nous guette tous dans nos lieux de vies, dans les endroits où nous cherchons à avoir plus d’influence pour notre propre gloire. Le danger, comme le dit le pape François, est que notre « liberté est affectée quand elle se livre aux forces aveugles de l’inconscient, des nécessités immédiates, de l’égoïsme, de la violence. En ce sens, l’homme devient nu, exposé à son propre pouvoir toujours grandissant, sans avoir les éléments pour le contrôler ». Je dirai simplement que nous sommes souvent emprisonnés par notre recherche de la grandeur. Pour en être libéré et regagner notre dignité d’humain, deux exemples nous sont proposés aujourd’hui.
« Notre équilibre personnel dans un monde incertain, écrit le pape François, dépend de notre capacité à résister aux séductions du monde, mais en tout premier à garder confiance en Dieu ». Voilà le premier exemple que nous en donne le Christ aujourd’hui en face du tentateur. A chaque élément de tentation, il ne cherche pas à entrer en dialogue avec le diable. Il ne cherche pas à lui prouver qu’il peut lui résister. Il répond simplement : Il est écrit… ensuite il ajoute un verset de la Parole de Dieu. Il met sa confiance en Dieu et en sa parole. Il est l’exemple parfait de celui qui peut chanter le psaume de ce matin : « Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut et repose à l’ombre du Puissant, je dis au Seigneur : « Mon refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ».
Le second exemple est celui du peuple d’Israël donné dans la première lecture. Quand ils présentent leurs offrandes, ils ne disent pas : Seigneur, nous t’offrons une partie des fruits de nos travaux et nous espérons que tu seras reconnaissant envers nous. Non ! Au contraire, ils ressassent toute l’histoire de leur salut, leur délivrance de l’Égypte à la terre promise et ils disent enfin au Seigneur : « Et maintenant voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné, Seigneur ». Chers amis, nous aussi à chaque messe, nous reprenons ce geste des fils d’Israël à la présentation des offrandes quand le prêtre dit : « Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie », et nous répondons : « Béni soit Dieu maintenant et toujours ». Ainsi nous reconnaissons que ce que nous présentons, notre vie est d’abord un don de Dieu. Cette reconnaissance nous permet de savoir que nous ne pouvons pas tout.
Si en ce temps de carême, chacun et chacune peut faire une marche dans le désert et se priver d’une recherche de la toute-puissance dans l’orgueil et la vaine gloire, Si nous pouvons arriver à être reconnaissant envers Dieu et nos frères et sœurs, alors nous deviendrons des personnes plus libres et nous aurons passé un bon carême.
Jacob SENOU, SMA