L’histoire nous permet d’affirmer que, le livre de Josué d’où est tirée la première lecture de ce jour, nous livre le récit d’une étape importante du parcours du Peuple de Dieu. Cet ouvrage se divise en deux parties : la conquête du pays de Canaan, et la répartition des terres entre les douze tribus d’Israël. Le livre de Josué nous parle surtout de l’accomplissement de la promesse de la terre promise à Israël. Selon Josué, la terre est à la fois donnée et toujours à conquérir. Il évoque ainsi une tension entre le présent et l’avenir, tension qui est constitutive de l’existence du peuple de Dieu et donc de notre existence.
L’extrait que nous venons d’écouter nous fait remarquer que l’entrée en terre promise est marquée par un changement de nourriture : « La manne cessa de tomber ». A cet aliment frugal qui aida à survivre dans le désert, succède celui des produits de la terre paysanne. En mangeant le pain sans levain, Israël est devenu une créature nouvelle qui célèbre la Pâque. Ils se sont sentis une fois de plus fils et filles de Dieu. En effet, être enfant de Dieu, c’est pouvoir se positionner de façon juste face à l’abondance qu’offre le Père. C’est donc être en capacité d’avoir accès à l’abondance sans l’accaparer et se croire propriétaire. Contrairement à Israël qui rendait grâce à Dieu pour la manne et le pain sans levain, le fils prodigue de l’évangile de ce dimanche, a considéré comme un dû, tout ce qui est à son père. L’attitude de ce fils a conduit son père à le considérer comme un mort qui est revenu à la vie. Mais quelle est donc cette mort dont nous parle ce père ?
Il ne s’agit pas de la mort physique ou biologique. Il était mort en tant que fils car il avait renié son père et en tant qu’être humain car il avait moins d’égards moins de considération que les cochons de son maître. Telle est la réalité de cette « mort » liée à la rupture de relation du fils avec son père. Refuser de vivre comme fils est, pour ce fils cadet, un choix qui fait disparaître le dernier lien qui le rattachait à son père : l’argent de son héritage. Cependant, lorsqu’il revient et confesse sa faute, il redevient vivant parce qu’il a enfin compris que seul l’amour de son père était source de vie.
Les derniers versets de l’évangile de ce jour nous font voir que c’est au moment où le fils cadet est comblé de la vie et de l’amour du père, que le fils aîné s’en exclut, prenant à son tour un chemin de la mort. Le titre traditionnel de ce récit, « l’enfant prodigue », se fixe à la première partie de la parabole, privilégiant ainsi le cadet en qui tout chrétien s’identifie facilement comme fils perdu et retrouvé. Mais nous avons le droit de nous demander, pourquoi l’aîné est-il oublié alors que la pointe de la parabole est sur lui ?
Il est très important de comprendre que l’histoire du cadet n’est là que pour nous orienter vers l’attitude de l’aîné. Ainsi chacun pourrait se demander : suis-je prêt à accueillir la miséricorde et le pardon de Dieu pour tout homme pécheur, fût-il Judas, Hitler, les nouveaux bourreaux de notre temps moderne ou tant d’autres ? Laissons-nous réconcilier, en particulier en ce temps de carême et que Dieu nous accorde une joyeuse montée vers Pâques.
Justin Inanjo, SMA