Homélie
Le dimanche des Rameaux, en l’année C, présente le récit de la Passion de Jésus selon Saint Luc, récit qui raconte les derniers jours de Jésus sur la terre. Il raconte comment Jésus fut arrêté, jugé, injustement condamné, torturé et mis à mort.
Luc ne se contente pas de rapporter uniquement les faits, il fait ressortir les idées principales qu’il a développées à travers tous ses écrits. Il insiste en particulier sur la grande compassion de Jésus envers ceux qu’il rencontre au long de son chemin de souffrance, depuis le soldat qui eut l’oreille tranchée par Simon, jusqu’au voleur crucifié à côté de lui. En Luc, la passion et la mort de Jésus deviennent une touchante révélation de la miséricorde infinie du Père. Son récit reflète la foi chrétienne en la résurrection et proclame aussi que Jésus est le Messie, le Roi des Juifs, Fils de l’homme et Fils de Dieu.
Plusieurs fois, la Bible met en scène un personnage important qui avant de mourir laisse un testament ou un témoignage spécial à ses proches. Comme testament de Jésus, Luc combine un discours d’adieu avec un repas d’adieu ; c’est le début de l’évangile que nous avons lu. Il invite les siens à une vie de service fraternel et à mettre fin à la lutte pour le pouvoir ou une position d’honneur. Il donne un sens particulier à ce repas d’adieu, le transformant en eucharistie, en un don total aux siens pour tous les temps. Dans ses dernières paroles Jésus insiste sur la prière qui met la personne en mesure de faire la volonté de Dieu, il fait preuve d’une non-violence très marquée, traçant ainsi un chemin à suivre en périodes de grandes souffrances. Sa passion devient comme un acte d’amour envers tous. La souffrance physique est capable de déshumaniser et de déformer la personne, mais elle ne peut jamais détruire la liberté d’aimer les autres et de faire le bien qui est au fond du cœur.
Ceux qui ont condamné Jésus ont peut-être essayé de sauver les structures religieuses traditionnelles et leurs propres intérêts, mais ils n’ont pas su voir que Jésus réalisait quelque chose d’unique, qui n’avait jamais été vécu avant lui.
Les disciples, jusqu’à la dernière minute, n’ont pas compris qui était réellement Jésus. A la veille de sa mort que Jésus affronte avec angoisse, ils sont encore en train de se quereller entre eux pour obtenir une place d’honneur… Mais d’après Luc, ils ont tout de même été nombreux ceux qui l’auraient suivi au moins de loin, parmi eux, en premières places, les femmes qui l’ont accompagné depuis la Galilée. Simon de Cyrène est là aussi, il revenait des champs ; il aide Jésus à porter sa croix, montrant ainsi aux lecteurs de l’évangile la place où ils doivent se trouver au moment de la souffrance. Il y a aussi quelques autres personnages parfois inattendus comme le voleur qui défend Jésus contre les insultes, ou le centurion, romain, païen qui proclame sa foi. A la fin c’est Joseph d’Arimathie qui s’insurge contre la condamnation de Jésus et vient réclamer son corps pour l’enterrer. Et Jésus promet une place au criminel dans le paradis… Par sa mort, dans sa mort, Jésus est sauveur… Il sera rencontré vivant au matin de Pâques.
Jean-Marie Guillaume, SMA