1 juillet 2025

Treizième Dimanche du temps ordinaire, c

Treizième dimanche du temps ordinaire 26 juin 2022

« Vous avez été appelé à la liberté… mettez-vous par amour, au service les uns des autres… Marchez sous la conduite de l’Esprit Saint … » (Galates 5, 13)

La première lecture, extraite du premier livre des Rois, raconte comment Dieu a demandé au prophète Elie de consacrer son successeur le prophète Elisée pour continuer d’annoncer sa parole de conversion. C’est un peu ce chacun d’entre nous, investi d’une mission ou ayant mené un certain style de vie, essayons de faire face à ceux qui viennent derrière nous et sont appelés à continuer ce que nous avons entrepris. Elisée avait presque terminé de labourer son champ, de douze arpents, et il était en droit d’en attendre la récolte. Mais Élie, sur l’ordre du Seigneur, lui jette son manteau sur les épaules, signe de sa puissance et de sa dignité de prophète, signe du choix divin. Si Élisée s’en retourne chez lui, ce n’est pas seulement pour « embrasser son père et sa mère », mais pour immoler ce qui faisait sa vie de laboureur et se détacher de tout, afin de suivre Élie pour apprendre de lui comment être prophète.

Cependant la deuxième lecture, tirée de la lettre aux Galates nous parle de liberté, de la liberté que nous donne Jésus : « Frères, dit Saint Paul, si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres ». La liberté, obtenue par le Christ, nous permet d’agir sans contrainte même face à l’héritage que nous avons reçu et notre propre famille. Mais, précise Saint Paul, que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme : au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute loi atteint sa perfection dans un seul commandement et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Face à la pratique de l’amour, le message de Paul est clair : « Si vous vous mordez et vous vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres… »

Dans l’évangile de ce jour, Saint Luc, montre que le cheminement missionnaire de Jésus n’a pas été facile. Il est le modèle de la mission pour ses disciples, les disciples que nous sommes aujourd’hui.

Ainsi Jésus, comme Élie auquel le texte de cet évangile fait clairement allusion, trace le chemin pour ceux qui veulent le suivre. « Or, il advint, dit Saint Luc, comme s’accomplissait le temps où il devait être enlevé, qu’il affermit son visage et prit le chemin vers Jérusalem ». C’est là, à Jérusalem que s’achève sa mission. Il sera enlevé, c’est une référence à la mort et à l’Ascension. Jésus rejoindra le Père pour envoyer l’Esprit-Saint, comme Élie fut enlevé dans les nuées pour remettre à Élisée une double part de son esprit. Mais l’élévation de Jésus dans la gloire sera précédée par la souffrance et la mort, ce qui explique que « lui-même affermit le visage ». Jésus sait en effet qu’un affrontement violent l’attend. Affermir le visage, ou durcir l’engagement, sera ce que Jésus va demander aux trois personnes qui se proposent de le suivre, c’est ce qui est demandé à chaque disciple, à chaque chrétien qui veut suivre Jésus. Nous savons en effet que suivre Jésus est source de joie et de paix intérieure, mais aussi source de difficultés.

Les messagers que Jésus, d’après l’évangile de ce jour, a envoyés en avant de lui ont fait l’expérience de ces difficultés. Tout de suite après les avoir envoyés devant lui, Luc évoque le mauvais accueil que des Samaritains leur ont réservé. À ces gens qui ont mal accueilli les messagers, envoyés par Jésus, Jacques et Jean demandent à Jésus de les punir et de leur envoyer le feu du ciel. Mais Jésus, qui fera lui-même face à la violence, est contre la violence. Le durcissement de Jésus, alors qu’il monte vers Jérusalem, exclut la violence. Les disciples, qui accompagnent Jésus, apprennent comment croire et témoigner de lui. L’attachement au Christ nécessite d’abord un acte de rupture à l’égard de sa famille. Jésus lui-même n’a ni domicile stable, ni épouse. L’urgence de la proclamation du Règne de Dieu passe avant les devoirs familiaux et interdit tout recul en arrière. Jésus est plus exigent qu’Élie qui avait permis à Élisée de retourner en arrière pour embrasser son père et servir la viande de ses bœufs à ses serviteurs. A celui qui veut le suivre, mais qui voudrait d’abord enterrer son père, ou faire ses adieux aux gens de sa maisons, Jésus répond « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le règne de Dieu. »

Jean-Marie Guillaume, sma.