HOMELIE
« Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite, ne peut pas être mon disciple » (Luc, 14, 27)
Les lectures de ce jour montrent qu’il est difficile, voire impossible, pour les humains, de comprendre ce qu’est le chemin vers Dieu, de suivre Jésus, sans la lumière particulière de la Sagesse de Dieu ou de l’Esprit-Saint… « Qui peut comprendre les volontés du Seigneur », dit la première lecture.
Luc, dans l’évangile note que « de grandes foules faisaient route avec Jésus ». Jésus se retourne vers elles et leur explique que si elles veulent le suivre, c’est pour être comme lui. Deux démarches principales sont nécessaires :
– La première c’est de se détacher de tout ce qui peut nous empêcher d’avancer avec lui, d’abord des membres de notre propre famille. Jésus exige un amour sans limite : « si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et même sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. »
– La deuxième démarche est de se ranger derrière Jésus, de porter sa croix comme il l’a portée. Cette expression rappelle que Jésus a été chargé d’une croix qu’il a dû porter jusqu’à son lieu de crucifixion. Il n’est pas rare qu’en certaines circonstances et en certaines parties du monde, des chrétiens aient à souffrir et à mourir pour leur foi et leur attachement au Christ.
Cependant porter sa croix signifie aussi faire face aux aléas de la vie, partager les souffrances et les soucis de ceux qui nous entourent, montrer le chemin vers Dieu, comme Jésus l’a fait. C’est construire sa vie avec discernement comme on le fait lorsqu’on construit une tour. C’est se munir des moyens nécessaires pour affronter le mal qui peut nous assaillir et bâtir un environnement de paix.
Les foules qui suivent Jésus sont nombreuses d’après Luc. Comme Jésus, elles marchent vers Dieu, elles sont à la recherche de Dieu, à la recherche de l’amour, du bonheur, d’une fraternité universelle à partager. Saint Luc, le plus optimiste et le plus universel des évangélistes entrevoit dans ces foules l’immense foule des chrétiens qui dans les siècles à venir et jusqu’à aujourd’hui viendront derrière Jésus… Nous en faisons partie. Même si en certaines contrées, comme chez nous, les foules semblent se réduire, en d’autres endroits les foules grandissent… Ils sont nombreux ceux qui suivent Jésus, qui portent leur Croix, qui souffrent pour leur foi, la liberté, la justice, la fraternité humaine. En parlant de ceux qui quittent tout et préfèrent Jésus, Luc ne s’adresse pas seulement à quelques privilégiés comme les prêtres, religieux et missionnaires, mais à tous les chrétiens. Les personnes en charge de l’évangélisation n’ont pas simplement pour tâche de créer des structures d’église, mais d’aider les chrétiens à s’ouvrir à la présence et à l’amour de Dieu, à la justice et à la charité fraternelle.
C’était déjà ce que faisait Saint Paul dans le cas d’Onésime qui est raconté dans la deuxième lecture. Face à la situation d’un esclave qui a fui son maître et qui risque d’être condamné, il réussit à convaincre ce maître, Philémon, que personne ne peut être considéré comme inférieur aux autres et encore moins comme un esclave, car nous sommes tous fils et filles de Dieu, sauvés par Jésus Christ, aimé par le Père. « C’est ainsi que les chemins de la terre sont devenus et deviennent droits ; c’est ainsi, Seigneur, que les hommes ont appris et apprennent ce qui te plaît, et par la Sagesse sont sauvés » rapportent les dernières paroles de la première lecture.
Jean-Marie Guillaume, SMA