14 septembre 2023

Homélie Du 5e Dimanche du Temps Ordinaire

Homélie Du 5e Dimanche du Temps Ordinaire

Is 58, 7-10; Ps 111 (112); 1 Co 2, 1-5; Mt 5, 13-16

La vie chrétienne se veut un cheminement qui se construit progressivement sur la base d’une imitation du modèle qui est le Christ ; elle est un appel pressant à « devenir » c’est-à-dire à continuellement se convertir et chacun qui entend cette invitation doit se mettre résolument en en route à la suite de celui qui nous invite. Nous sommes donc appelés à suivre pour devenir ; tel est la finalité des béatitudes dont l’évangile du jour est une continuation.

Les textes de la liturgie de ce 5e dimanche et de tous les dimanches d’ailleurs nous invitent à prendre conscience de notre état (ce que nous sommes) et nous préparent un peu plus à assumer nos différentes responsabilités de chrétiens.    

Jésus nous dit dans l’évangile : « Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde » Voici la dynamique dans laquelle il nous introduit aujourd’hui. Il identifie le disciple qui l’écoute et partant les chrétiens que nous sommes au « sel de la terre » et à « la lumière du monde ». Ces deux réalités ou images nous renvoie à nous même, à ce que nous sommes, à notre identité chrétienne qui se manifeste dans une vie nouvelle que nous recevons de Dieu. Cette vie nouvelle se traduit par le « témoignage » de nos vies. C’est dans le témoignage concret de chaque jour que le chrétien décline la réalité de ce qu’il est, le reflet de Dieu qui étincelle de sa présence et traduit sa bonté vers l’homme.  Voilà la condition vraie que le chrétien en la découvrant doit communiquer et diffuser. C’est le moyen efficace pour se donner un nouvel élan de foi.

Le sel et la lumière sont parmi les éléments les plus utiles qui facilite la vie et la rende plus agréable, plus vivable. Les traditions et les cultures de tous les temps les valorisent parce qu’ils s’imposent par leur nécessité pour la vie. Le sel donne de la saveur aux aliments en ajoutant une touche appétissante, les conserve, nourrit mais on l’apprécie à sa juste valeur lorsqu’il bien mesuré, bien dosé sinon il perd son utilité et le dénature ce à quoi il s’ajoute. La lumière quant à elle, elle éclaire en chassant les ténèbres et permet à l’homme de voir ce qui l’entoure mais à intensité acceptable pour ne pas éblouir. Ces deux réalités auxquelles le Christ nous identifie bien qu’indispensables peuvent ainsi perdre leur valeur lorsque par un choix libre le chrétien renonce à ce qu’il ou elle est. Il se dénature et s’aliène. Sa foi devient fade, son témoignage insipide et ses convictions s’étiolent. C’est par le péché que cette identité est froissée, cette image est défigurée. Le sel qu’il ou elle est n’a plus de saveur et ne sert à rien ; la lumière qui est supposée briller est donc couvert.  

Jésus, en faisant le parallèle entre le chrétien et ces deux réalités du sel et de la lumière éveille en nous notre identité de porteur de Christ et missionnaire de l’évangile ; de la découle les responsabilités qui y sont associées, celles qui nous engage à vivre un peu plus notre foi de façon plus convaincue. Chaque chrétien, où qu’il se trouve doit rependre autour de lui la bonne saveur du Christ qui se donne en nourriture pour le salut du monde. Se donner en nourriture c’est se mettre au service des autres, être dans la logique de rendre sa vie et celle des autres plus heureuse.  L’invitation est donc d’être et de devenir ce que nous sommes, c’est-à-dire à être ce chrétien qui en portant le Christ donne de la saveur à notre vécue et celle des autres, un chrétien qui apporte un plus à sa vie en la transformant en une belle histoire d’intimité. Comme le sel qui se fond dans les aliments, c’est la vie du Christ qui coule dans chaque chrétien et en fait un délice pour Dieu. La vie de chacun a du prix aux yeux de Dieu si elle devient une lumière qui éclaire et dirige, un repère pour qui cherche le chemin vers Dieu. Celui qui réalise cette identification bénéficiera des faveurs dont parle le prophète Isaïe dans la première lecture, « ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite » Seul celui qui saura se « partager », « accueillir », « couvrir » et ne se « dérobera pas de ses semblables » celui-là, au jour de détresse le Seigneur répondra favorablement. C’est une manière certaine de définir qui nous sommes et pourquoi il est nécessaire d’avoir la foi ; Saint Paul le dit dans sa lettre aux Corinthiens : « je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié » Ce que nous sommes vient de la connaissance que nous avons du Christ qui continue de se donner dans l’Eucharistie. Dans l’Eucharistie transparait notre identité vraie, notre nature réelle, celle du don. Le Chrétien prend le gout du Christ.  

Comme le Sel et la lumière n’ont pas leurs propriétés pour eux même mais servent à un but ainsi le Chrétien ne l’est pas pour lui-même mais son témoignage est tourné vers les autres. 

Que la grâce du Seigneur nous aide à être sel et lumière pour un monde meilleur.

 Père Sylvère ATTA, SMA