Dimanche 14 Mai, 6e Dimanche de Pâques
Toute séparation est difficile, et même douloureuse surtout quand le lien établi est fort et sincère : le sevrage d’un enfant ou le départ d’un adolescent de la maison parentale pour les études, un divorce ou même les adieux lors des enterrements, que de peine. Le discours de Jésus à ses disciples dans l’évangile de ce dimanche est empreint de ces émotions, de mélancolie comme tout discours d’au revoir. Le temps de la passion et celui de la résurrection, où le ressuscité se fait présent aux disciples s’achève et doit laisser place à un autre temps, celui de l’Église et du témoignage. Mais, avant son départ vers le père, cette séparation physique ultime du monde, Jésus laisse un testament qu’il veut graver dans les cœurs de ceux qui l’écoutent : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements…s » Jésus laisse entendre des paroles fortes qui font de l’amour et le respect des commandements le préalable pour une présence autre. Il annonce son départ qu’il veut combler par le don de l’Esprit Saint qu’il enverrait d’auprès du père pour ne pas que ceux qu’il a choisi et aimé ne soit orphelins.
Il est donc question d’amour, un amour que le chrétien est censé développer dans une relation personnelle qu’il aurait au préalable établi avec Dieu. Vous conviendrez avec moi que l’homme ou la femme vit d’amour, de son premier souffle au dernier tout est imprégné d’amour. Quand l’homme est aimé, il se sent protégé et accepté, à sa place. L’amour ne peut pas rester enfermé dans le cœur, il déteint sur le quotidien. Si l’amour que les hommes/femmes se portent entre eux pousse à l’engagement, celui que l’homme/femme porte à Dieu se manifeste par le respect de ses commandements. Dans son entretien avec le scribe dans l’évangile de Marc qui cherchait à savoir le commandement qui surpassait les autres, Jésus fait de l’amour de Dieu et du prochain le plus grand de tous les commandements.
Aujourd’hui, Jésus interroge notre amour, sa qualité, sa profondeur, son épaisseur qu’il veut vérifier par notre appropriation de ses commandements. Et c’est seulement si cette condition de l’amour se vérifie vrai et certifié que l’Esprit qu’il promet trouvera un cœur fertile où s’implanter. Vivre ou s’approprier les commandements du Christ, c’est traduire dans notre quotidien la sainteté du Seigneur, le Christ comme nous le préconise l’apôtre Pierre. Ainsi, les choses qui apparaissent insignifiantes prennent de l’importance parce qu’elles sont le résultat de l’amour pour Dieu. Toute bonne action, même celle que nous faisons sans penser à Dieu prend sens pour l’éternité.
L’Esprit Saint, le défenseur, le Paraclet, celui qui procède de l’amour du Père et du Fils est un don que Dieu seul peut faire. L’Esprit est comme le vent, on ne le voit pas, mais on ressent ses effets. Et les conséquences de l’Esprit sont génératrices de vie nouvelle. Jésus révèle à ses disciples qu’il est déjà présent auprès d’eux et ils ne le constateront que sous le feu de l’action. Deux mille ans après, le même Esprit, avec la même énergie continue son œuvre dans l’Église en transformant de l’intérieur tout homme ou toute femme disposée à se faire l’instrument du Christ. Déjà dans la première lecture, les communautés chrétiennes en font l’expérience par le témoignage de Philipe par qui l’Esprit réalisait des merveilles.
Le lien qui reste donc entre Jésus et ses disciples d’aujourd’hui est le commandement d’amour. Demandons à Dieu de mettre dans le cœur de tout chrétien un désir ardent d’aimer les autres, le monde. Que l’Esprit qui brûle dans l’Église d’une flamme inextinguible ravive chaque jour un peu plus l’ardeur des chrétiens que nous sommes et nous fasse témoigner davantage notre foi en celui qui toujours présent maintenant et toujours. Amen
Père Sylvère ATTA, SMA