
Dimanche 25 mars, 5e dimanche de
carême Année A
Ez 37, 12-14; Ps 129 (130); Rm 8, 8-11; Jn 11, 1-45
Le temps de carême touche à sa fin et à tous
les égards, il a été un parcours d’apprentissage, de découverte et de
redécouverte, d’étonnements et de certitudes où, en nous confrontons à la
réalité de chaque jour nous découvrons la présence certaine, mais quelques fois
cachée de Dieu.
Aujourd’hui, la liturgie nous introduit au
thème de l’espérance en nous faisant comprendre qu’en toute situation même les
plus désespérées, il y a des possibilités nouvelles.
L’épisode de la résurrection de Lazare qui est
riche en symboliques nous en dit long. D’ailleurs, dans l’évangile de St Jean, c’est
le dernier signe (miracle) qu’accomplira Jésus avant sa passion, mort et
résurrection. Lazare, l’ami de Jésus et frère de Marthe et Marie est malade et
Jésus en est informé ; cependant, il tarde à y aller. Sa nonchalance à se
rendre au chevet du mourant pour le secourir à surement pour but de susciter la
foi aussi bien des apôtres qui doutent que des sœurs du concerné : « Lazare
est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que
vous croyiez » nous dit Jésus. La foi est donc l’ingrédient qui rend
possibles les miracles ; et les miracles ne sont pas obtenus parce que
nous les méritons. Ils sont obtenus grâce à la foi dont Marthe et Marie ont
fait preuve. Inversement, le manque de foi a le pouvoir de « bloquer »
l’agir de Jésus comme ce fut le cas à Nazareth, où Jésus « ne fit pas
beaucoup de miracles à cause de leur incrédulité ». Lorsque Marthe et
Marie expriment leur désolation face à l’absence de Jésus qui aurait pu sauver
leur frère de la mort, il les invite à le rejoindre dans la foi en la
résurrection : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui
croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi
ne mourra jamais » Pour Jésus la mort n’est pas une limite, un dégât
irréparable, une fatalité désespérante ; il lui oppose une ouverture et
des possibilités. En Jésus, la mort est
franchissable et elle ouvre sur la résurrection, donc sur la vie.
Jésus, les voyant pleurer et voyant tout le
monde pleurer, est ému. En Jésus Dieu n’est pas insensible ; au contraire
il peut s’émouvoir de nos conditions de souffrance et de mort. Pour nous et
dans nos misères Dieu laisse attendrir et coule des larmes. Aucune situation
désespérée n’est loin du cœur compatissant de Dieu et personne ne souffre seul.
Dieu souffre avec nous et pour nous.
Jésus demande alors qu’on le conduise au
tombeau et bien que l’odeur de la mort s’était répandu les esprits il leur
dit d’enlever la pierre du tombeau. Comme l’aveugle né de l’évangile du dimanche
dernier qui vivait dans les ténèbres à cause de sa cécité, Lazare vivait depuis
quatre jours dans les ténèbres de la tombe. Jésus lui ordonne de venir à la
lumière du jour, malgré la durée et l’état dans lequel il se trouvait.
Notre
proximité avec Jésus ne nous dispense pas de la souffrance ni de la mort ;
mais nous donne une occasion de croire et de d’entrer dans le mystère d’amour
de Dieu.
L’évangile du jour nous invite donc à croire et à ne pas
désespérer de Dieu ; non pas que tout ira bien, que nous ne connaîtrons
pas la mort, mais que même la mort aura une fin. Dieu peut toujours apporter le
bien même quand nous pensons que c’est impossible.
Prions donc pour tous ceux qui désespèrent de la vie afin
qu’ils sentent la proximité aimante de Dieu. Pour ceux et celles qui vivent un
deuil que l’espérance habite leur cœur et suscite en eux une foi solide.
Père Sylvère ATTA, SMA